Vous êtes anarchiste et vous voulez faire des zines/journaux trop stylés, sauf que vous n’êtes pas queer ? Alors déjà, pourquoi ? Et ensuite, ce petit guide ne vous fera pas de mal à lire pour vous faire une idée de la tâche. Enfin, nous sommes loin d’être les seuls sur le marché, et vous pouvez vous inspirer d’autres formats qui ne sont pas spécifiquement queer, comme nous l’avons fait. Vous trouverez une liste en bas de la section « OU CA ? » de notre site anarcenciel.noblogs.org
GUIDE PRATIQUE « COMMENT FAIRE SON PROPRE ANARC-EN-CIEL »
1. Créer un collectif local
2. Rejoindre la fédération transnationale
3. Trouvez de quoi remplir localement son Anarc-En-Ciel
4. Modifier son Anarc-En-Ciel
5. Imprimer et Diffuser son Anarc-En-Ciel
Avant toute chose, assurez-vous de bien comprendre qu’est-ce qu’Anarc-En-Ciel, et pour cela, de lire la section « QUOI » et « POURQUOI » de notre site anarcenciel.noblogs.org. Le plus important est d’adhérer aux valeurs principales du queer-anarchisme (définition très générale) qui sont :
– Lutte contre toute autorité et oppression
– Abolition de l’État, du capitalisme et du genre
– Révolutionnaire pour la libération, pas l’assimilation
Voilà, lisez tout le guide avant de vous lancer, ça vous aidera sûrement.
1. Créer un collectif local
Vous avez envie de voir des Anarc-En-Ciel circuler dans votre ville, votre coin paumé, votre département ? Et qui parle des choses qui se passe autour de chez vous ? Pourquoi ne pas participer à ce que ça se réalise !
D’abord, on vous encourage à regarder dans la section « OU CA » de notre site qui répertorie les groupes locaux en activité. Peut-être allez-vous découvrir qu’un groupe existe déjà ! Alors n’hésitez pas à les contacter pour leur proposer votre aide, de quelque manière qui vous intéresse : écriture, mise en page, impression, diffusion, soutien financier… Ou juste pour leur dire qu’iels sont cools ! Si vous ne les connaissez pas, c’est qu’iels sont peut-être en difficulté et aurait bien besoin d’un coup de main.
C’est aussi possible qu’il existe déjà un collectif Anarc-En-Ciel inactif, ou que vous n’aimez pas pour plusieurs raisons légitimes (les personnes dedans, le contenu qu’iels mettent en avant…). Pour préserver l’autonomie des groupes locaux, nous n’avons aucun pouvoir sur qui écrit quoi sous le nom d’Anarc-En-Ciel. Ce n’est pas grave. On vous encourage à créer votre propre publication, ou à trouvez d’autres moyens d’actions (c’est pas les possibilités qui manque !). N’hésitez pas à copier les formats qu’on propose pour faire quoi que ce soit d’autres, c’est l’intérêt de faire du libre !
Bon, maintenant, il vous faut des gentes, une team Anarc-En-Ciel quoi. Vous avez peut-être déjà une équipe. 2-3 personnes motivées, avec du temps et de l’énergie, suffisent généralement à faire ce travail, d’autant plus si vous ne faites que le minimum, ce qui est déjà une très bonne chose en soit. Vous êtes peut-être seul·e. Faire cet effort régulièrement peut-être rapidement éprouvant en solitaire. Et avoir une personne pour relire, réfléchir à plusieurs permet d’appréhender beaucoup plus de choses qu’avec seulement un cerveau. Ca perdrait un peu de son sens dans la création de liens sociaux et militants. Mais techniquement, rien ne vous empêche de le faire à un·e si vous ne voulez/pouvez pas faire autrement.
Pour trouver des gens, il y a plusieurs possibilités, à juger suivant vos moyens et vos buts. Ca peut simplement être dans vos cercles affinitaires, vos amis, vos collocs, vos partenaires. Bref, des gens de confiance. Plus largement, vous pouvez sûrement rencontrer des personnes dans des lieux militants, comme des espaces autogérés (squat, centre culturel, occupation…), des lieux de luttes courants (syndicats, APU, médiathèques, bars de gauchos…) ou éphémères (manif, fac, piquet de grêve…). Et on va jouer les daron·nes, mais attention aux gentes sur internet. Un policier des Renseignements Territoriaux se cache peut-être derrière ce sympathique « salut les anarcho-autonomes ». Réfléchissez bien à quel point vous souhaitez rester anonyme dans ce projet. Vous pouvez aussi proposez à un collectif queeranar déjà existant, dont vous faîtes partie ou non, d’ajouter la publication de ce journal à leurs activités. Il s’agit dans tous les cas de s’assurer que vous avez des opinions politiques compatibles, que vous avez la même motivation et que vous imaginiez comment répartir les tâches.
L’organisation a avoir n’est pas toujours claire, voici quelques guides :
Comment former un groupe affinitaire
https://fr.crimethinc.com/2020/06/18/comment-former-un-groupe-affinitaire-lelement-essentiel-de-lorganisation-anarchiste
L’autogestion c’est pas de la tarte
https://infokiosques.net/spip.php?article1889
Prêtez une attention particulière à l’accessibilité. Nous souhaitons nous seulement que cette fédération de journaux porte des valeurs anti-validistes mais qu’elle les appliquent au mieux aussi. Pensez à mettre en place des systèmes de réunion, de travail à distance et de contribution anonyme. On vous conseille l’utilisation de Cryptpad ou Framapad pour l’écriture collaborative par exemple. Pour des outils de discussions, il est recommandé d’utiliser des applications comme Signal ou Matrix/Element, des mails cryptés, tout ce qui vous semblera nécessaire, en prenant bien en compte la praticité de chaque outil. Pour des appels et partage d’écran ( ???? discord lol. FramaTalk ?)
Ensuite, il vous reste à créer une adresse mail uniquement destiné à ce but. Choisissez un nom explicite pour que les personnes souhaitant vous contacter la retrouve plus facilement. Vous pouvez mettre anarcenciel[ville] par exemple. Pour trouver un service, dans tous les cas, utilisez au minimum Tor (Tails c’est mieux encore) pour court-circuiter la surveillance. Même si vous ne faîtes rien d’illégal, ce qui n’est pas toujours sûr en fonction des idées diffusées dans votre journal (par exemple des appels aux sabotages ou à l’action violente), il est plutôt positif d’échapper au maximum au fichage et autres joyeusetés policières.
Comment choisir un fournisseur de mail ?
Quelques idées théoriques en vrac : en choisir un qui ne soit pas une entreprise avec des intérêts privés ou un modèle économique dépendant d’investissements privés ; que ses admins partagent des valeurs de lutte contre la répression ; que les groupes / communautés / milieux de luttes que l’on côtoie leur accordent une certaine confiance ; que le service ait prouvé dans le temps une certaine résistance aux flics français ; …
Pour simplifier la vie de tout le monde, on vous en propose ici quelques-uns, déjà nommés plus haut, dans lesquels une confiance a été construite depuis de nombreuses années. Tous ont des frais et accepteront volontiers des donations.
• Autistici/Inventati, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
• Disroot, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
• Systemausfall, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
• Immerda, sur invitation
• Systemli, sur invitation
• Riseup, sur invitation
Extrait de l’article « Proton Mail et Wire : collabos comme les autres » disponible sur renverse.co et ailleurs.
D’ailleurs, notez bien qu’avec le système d’alias (disponible sur la majorité des services mails cités précédemment), l’adresse que vous partagerez publiquement pour vos contributions locales ou la Coordination d’Anarc-en-Ciel n’a pas obligation d’être la même que pour vous connecter. Ce qui rajoute une sécurité et/ou permet de réutiliser une adresse déjà existante, celle d’un collectif par exemple
2. Rejoindre la coordination transnationale
Étape normalement très simple. Il suffit, avec votre mail nouvellement créé, de nous envoyer un mail à anarc-en-ciel@riseup.net en nous disant :
– le nom de votre publication. Parce que oui, vous pouvez changer ! Par simplicité et par mesure de compréhension, on vous encourage à titrer l’Anarc-En-Ciel, mais libre à vous. Vous pouvez juste mettre dans un coin que c’est réalisé dans le cadre du Projet Anarc-En-Ciel Transnational si vous voulez. D’ailleurs, si vous êtes une publication qui correspond à des valeurs queer anarchistes et que vous vous êtes créés avant ou indépendamment, on peut aussi vous ajouter à la liste
– la zone géographique sur laquelle vous voulez être actif. Pour la définir, partez de là où vous êtes et réfléchissez concrètement à vos moyens et envies de diffusion. Vous pouvez lire la partie plus basse à ce sujet pour vous faire une image. Inutile de surestimer vos capacités et d’avoir les yeux plus gros que le ventre, l’intérêt est la multiplication de groupes locaux. Mieux vaut être très actifs localement que mous sur un plus grand espace (on ne parle pas de sexe ici). Au pire, vous pourrez toujours nous redire que vous voulez changer si ça marche pas assez ou trop bien !
Après, c’est à nous de jouer, le Comité National. On vous rajoutera à la liste des groupes locaux dans « OU CA », avec votre adresse mail. Comprenez bien qu’en fonction de notre visibilité, vous serez aussi plus ou moins visible. Alors des gentes vous enverrons certainement soit des contributions, soit des demandes qui n’ont pas un lien direct avec le journal, mais plutôt du fait que vous soyez un groupe queer anarchiste publique. De même, nous ne connaissons pas les gentes derrière les groupes locaux, ne leur faîtes pas aveuglément confiance. Et si vous captez un truc bizarre, dîtes le nous.
Mais surtout, on vous ajoutera à notre liste mail interne. Et vous recevrez notre superbe maquette collaborative tous les deux mois, un peu avant la date présumée de publication des organes locaux. Collaborative ? Et oui, comme n’importe qui, vous pourrez nous envoyer vos contributions pour la maquette transnationale. On fera le tri, dans l’impossibilité de tout publier en une fois. On choisira une thématique parmi celles proposées sur laquelle s’accorder, et donner une ligne vague au numéro. Avec ça, un titre et une couverture, que vous pouvez proposer aussi, on rédige l’édito et on fait tourner. D’une longueur de 20 pages au format A5 en moyenne, il devrait vous rester environ 5 pages à compléter avec des infos locales.
Bien sûr, nous ne sommes pas objectifs. Nous avons un ou plusieurs avis bien à nous sur les sujets importants, sur la façon de les aborder. On ne ferait pas de propagande si c’est pour dire du vide. Alors la charge vous reviens de lire d’un œil critique nos maquettes, de nous écrire si vous trouvez que c’est de la merde (on peut travailler ensemble sans être d’accord sur tout heureusement) et surtout, de modifier à votre guise notre travail. On vous encourage à le faire, en gardant à l’esprit comment va être reçu autour de vous ce que vous distribuez. Tous les milieux ne sont pas les mêmes. Alors si vous êtes dèg que votre proposition pour le national ne sois pas passé, n’hésitez pas à tout chambouler. Encore une fois, tout ce que nous faisons ne sont que des aides pour faciliter le travail de celleux qui ne peuvent pas faire les efforts nécessaires à un numéro complet.
3. Trouvez de quoi remplir localement son Anarc-En-Ciel
5 pages de vide, ça peut paraître impressionnant quand on a pas l’habitude d’écrire quoi que ce soit, qu’on a l’impression qu’il ne se passe rien par chez nous. Et quand on est isolés, on a du mal à être au courant de ce qui se passe. Dans les grandes villes, cette partie est peut-être plus simple.
Nous on vous conseille de mettre des « infos locales », c’est à dire des résumés d’évènements, passées ou futures, positifs ou négatifs, ou alors des présentations de lieux, de collectifs, de gentes qui font des trucs stylés autour de vous. Mais ça peut être tout autre chose. Des articles, des dessins, des poèmes, des petites annonces romantiques faîtes par des gens du coin. Mais si vous avez envie d’y mettre un poster de vous à poil, rien ne vous empêche. Faut prendre en compte et assumer les éventuelles conséquences (qu’on vous reconnaisse par exemple, la plus problématique dans ce cas). Pareil quand on dit des dingueries.
Pour trouver ces infos locales, se pencher sur les autres médias autour de vous peut-être intéressant. En priorité, les p’tits journaux indépendants de gauche radicale (recensés ICI###### ou ICI##### par exemple), ou alors des groupes qui font des zines anars comme ceux listés en haut de cette page. Ils écrivent ou ont peut-être écrits des textes sur des sujets qui vous intéressent. Comme vous ne touchez pas forcément le même public, iels apprécieront peut-être de voir leur articles doublés ailleurs. C’est généralement bien d’avoir un contact avec d’autres médias sympas pour s’entraider. Ces médias peuvent prendre d’autres formes, des sites agendas (genre des indymédias ou des démosphères, les sites du réseau Mutues), des comptes sur les réseaux sociaux, des petits fouineurs isolés, des collectifs avec une infolettre, des auteurices avec ou sans blogs… Autant les contacter, au pire vous les ghoster. Mais comme en école de commerce, avoir un réseau est important. Sauf que nous on se préoccupe des éléments isolés et de celleux en train d’être exclus.
Cette partie peut se faire en distanciel plus ou moins aisément. Faut fouiner un peu, envoyez et répondre aux mails. Même si bien sûr une partie se fera au gré des rencontres IRL, des échanges informels, de mots passés de bouche à oreille.
Pour les autres types de contenus, internet est vaste. Plusieurs images dans nos numéros viennent d’artistes sans qu’on les remercie pour autant (oups). Des fois de trucs de merde, souvent de trucs bien. A vous de choisir comment vous voulez gérer ça. La meilleur solution est d’avoir avec vous des illustrateu·rices motivés, membres ou contributeu·rices. Trouvez les dessins à la source en les faisant vous-même !
Dans tous les cas, vous n’allez pas être submergé·es de contributions. Les gens ne sont plus habitué·es à lire des zines et à utiliser tous les outils qui vont autour. Vous pouvez trouvez des moyens de les provoquer, demander à des gens d’écrire pour votre zine en les contactant directement, pour présenter une de leur activité. Souvent, ça fait plaisir de recevoir ce genre de demande si on est pas trop insistant. Il est important de bien expliquer aux gens dans quoi va se retrouver leur blaze et ce qu’iels créent.
Bien entendu, vous pouvez produire vous mêmes de quoi remplir vos numéros. Vous y serait sûrement amené, quelques collages et montages pour pas faire une mise en page trop dégueu au moins. L’idée cependant est de chercher à diminuer vos efforts au maximum pour pouvoir les mettre ailleurs, et de créer des liens entre eux et vous. Mais ne vous retenez pas si vous vous sentez la plume ou le pinceau agité. On cherche à éviter que ces numéros deviennent un organe de diffusion des idées d’une unique personne. Faites un blog pour ça.
Enfin, quand au sujet concret de ce que vous allez parler, libre à vous. Le déroulé d’une manif, d’une teuf, d’un sabotage, d’une relation, d’une organisation… Un fait d’actualité, un évènement à venir, une envie qui pourrait devenir réalité… Vos analyses politiques, vos émotions de joie et de rage, vos déclarations d’amour, vos menaces de morts, vos paroles de musiques, vos conseils de vie…
4. Modifier son Anarc-En-Ciel
Si vous êtes bien dans la liste mail, vous devriez recevoir les maquettes transnationales à compléter régulièrement (peut-être à partir d’un CryptDrive). Garder bien en tête que vous êtes libres de faire ce que vous souhaitez, que ce ne sont que des aides proposées.
Normalement, le fichier sera en format .odt, ouvrable avec Word mais surtout LibreOffice, qui est gratuit. C’est un choix pour faciliter les modifications à faire. Rien ne vous empêche, si vous vous sentez pousser des ailes, d’utiliser des logiciels plus poussés comme Scribus. Cela permet plus de possibilité, mais plus de difficulté à prendre en main. Et si vous souhaitez rester raccord avec la production transnationale, comme elle sera toujours distribuée sous format .odt, ça demande beaucoup de manipulations supplémentaires.
En tout cas, avec LibreOffice, ça devrait le faire. Il y a des limites, vous allez souvent luttez contre. Comme cette ancrage qui foire toute la mise en page à chaque fois bordel (faut parfois ouvrir les propriétés pour pouvoir ancrer un élément à la page, trop chiant). Bref, mais vous avez les outils sous la main pour une bonne base. Jouer avec tout, essayer des trucs. Vous allez progresser en faisant. C’est pas grave si les premières publications sont moches. L’important est que ça existe. Il n’y a qu’à voir les premiers numéros de l’édition de Lille pour s’en rendre compte. Vous allez progresser vite.
Il faudra enrichir ce format texte moche d’éléments extérieurs. D’ailleurs, faites attention, les maquettes vont parfois utiliser des polices d’écriture qui ne sont pas par défaut sur votre ordinateur. Elles seront NORMALEMENT mises en description du mail qui vous sera envoyé pour la maquette, avec le site où les télécharger. Aussi, l’Anarc-En-Ciel Transnatio étant contre la propriété intellectuelle et artistique, les droits d’auteur sur les polices ne sont pas respectées. Vous êtes en droit de faire attention à ça si ça vous importe. Globalement, la plupart des polices viennent de Dafont, où il est précisé qu’est-ce qui est utilisable est comment. Il existe des polices toutes libres de droits et inclusives sur Bye Bye Binary. Pour l’accessibilité, qui est une nécessité, il existe des polices plus facilement lisibles comme OpenDyslexic. Mais c’est surtout un ensemble de critères à respecter qui importe (Sans serif, espacement entre les lettres et les lignes, lettres facilement distingables…). Y a moyen d’avoir des trucs funky quand même, trkl les loulous
Guide de lisibilité : https://blog.hello-bokeh.fr/2023/01/12/accessibilite-et-typographie-quest-ce-quune-police-de-caracteres-accessible/
Bon, y a pas que les polices pour rendre une brochure inclusive et accessible. On encourage très fortement à l’utilisation de l’écriture inclusive dans l’Anarc-En-Ciel. Savoir que ça fait chier les droitards est une raison suffisante. Quelle écriture inclusive ? Ca, par contre, on s’en fout. Ou plutôt, sentez-vous libres d’utiliser votre préférée, de varier quand ça vous chante, d’inventer des nouveaux pronoms et terminaisons. Par exemple, on utilise beaucoup de textes d’époques et de lieux très différents, eux-mêmes écrits par des personnes très différentexs, c’est normal et sûrement une bonne chose que ça puisse varier. On est queer bordel !Enfin, pour des raisons de lisibilité et donc d’accessibilité, n’en abusez pas, soyez conscient·e de ce que vous écrivez, et de qui va essayer de vous lire. Sinon, n’espérez pas être compris·es.
L’accessibilité, dans la lutte contre le validisme mais aussi le classisme, l’avant-gardisme et d’autres trucs auquel on pense même pas, c’est faire attention à plein d’autres détails. Utilisez des mots simples, des phrases simples en est un essentiel. Si votre brochure ressemble à une thèse universitaire, ne vous étonnez pas qu’elle finisse à la poubelle une fois sur deux. Avoir une proportion mieux répartie d’image et de texte ça aide beaucoup de gens qui n’ont pas l’habitude de lire à rester focus. Multipliez les formes d’expressions, c’est encore le meilleur moyen de toucher un maximum de personnes. Mettez des schémas bancals, des blagues, des manifestes, des témoignages, des tableaux, des dessins de capybaras, des articles, des symboles visibles, des poèmes métaphoriques, des insultes et des lettres d’amour. N’importe quoi qu’il vous aurait plus, et des trucs qui plaisent à d’autres. Insistez sur les contributions, que votre initiative deviennent collective.
En dehors de ces ~5 pages de vide, il y aura d’autres éléments de la maquette à modifier. C’est important si vous voulez que les gens comprennent que c’est un truc local qu’iels ont entre les mains. De manière générale, cherchez les ############# qui indiquent qu’il reste quelque chose à changer ici. Donc en premier, le titre sur la couverture. Si vous conservez le format classique, il faudra changer le nom de votre zone géographique (genre dans « Journal d’agitation queer anarchiste de [ville] »). En bas de l’édito, rajoutez votre mail (genre dans « Contact groupe local [mail]). En dernière page, le plus gros du travail. Cette page recense des collectifs et lieux que vous voulez mettre en avant. Vérifiez que les adresses et numéros soient bien d’actualité. Demandez l’autorisation s’il s’agit de groupe qui n’ont pas l’habitude de se mettre en avant. Normalement, ce sont des choses qui ne changent pas rapidement dans le temps. Il suffira de copier ces infos depuis votre numéro précédent.
5. Imprimer et Diffuser son Anarc-En-Ciel
Si vous vous trouvez face à une imprimante (si ce n’est pas le cas, lisez ce qui est écrit en dessous), n’ayez pas peur. Il y a plusieurs manières de procéder. D’abord, il faut vous assurer que cette imprimante fasse du recto-verso. Sinon ça va être compliqué, et à part pour des tests d’impressions (qui peuvent être important), on vous encourage à trouver une autre imprimante. Si les recto-verso sont possibles, hourra, il vous faudra certainement passer le fichier que vous avez modifier de .odt à pdf. Sur LibreOffice, il y a une touche exprès. Mais il est plus utile de passer par « imprimer » et « Print to pdf » parce qu’il y a la possibilité de cocher l’option « brochure » qui met en page pour une impression en format zine. Certaines imprimantes ont la possibilité de passer un format « page par page » en « brochure » d’elle-même, mais ce sont des cas rare. Alors cette procédure semble la meilleure.
Pour les couleurs, libre à vous. Les maquettes sont NORMALEMENT prévues en couleur, mais aussi pour marcher en noir et blanc. Il vous faudra parfois faire des changements de contraste ou de couleurs sur vos images vous aussi. Enfin, le choix reste en fonction de vos moyens. Noir et blanc si c’est la dèche, tout en couleur si c’est l’abondance. Une technique sympa d’entre-deux, c’est d’avoir la couverture et le dos en couleur, le reste en noir et blanc. Pour ça, on pourra user d’une stratégie : Imprimer un numéro tout en couleur, photocopier la couverture en couleur, le corps en noir et blanc. Certains journaux utilisent du papier coloré sur lequel imprimer là couverture, à vous de voir.
L’impression est une étape des plus difficiles, qui nous coupe bien souvent l’herbe sous le pied. A moins que vous n’ayez un fond d’investissement énorme, ce qui est rarement le cas, le problème financier va se présenter comme un mur.
En effet, les moyens classiques d’imprimer des trucs en autonomie, c’est genre la Corep, les petites imprimeries locales… Dur de frauder, souvent.
Demander à un « vrai » journal local de critique sociale si il a pas des astuces vitef. On sait jamais.
Squattez les syndicats et les associations, souvent ce sont des groupes qui ont besoin d’imprimantes plus que vous. Vous pouvez faire des demandes officielles, proposez de payer une plus faible contrepartie qu’ailleurs, passez par un camarade ou alors en total scred, comme vous jugez bon. Si y a que de la sérigraphie de dispo, c’est chiant, mais dîtes nous, on pourra peut-être s’arranger pour faire des TRES GROS tirages.
Il y a des moyens plus shlag encore, en allant imprimer à l’arrache quelques exemplaires dans une bibliothèque municipale, à Pôle Emploi, à la Poste, dans un bureau… Et ce jusqu’à vous faire virer ! Attention à ce que vous avez sur vos clés quand vous les brancher dans des lieux où l’anarchisme est non grata.
Et si vous avez des moyens pour imprimer en couleur, roulez jeunesse ! Ca claque wesh !
Enfin, il est possible de s’entraider, évidemment. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à contacter d’autres Anarc-En-Ciel locaux proches de vous, ou d’autres publications. Confronté·es aux mêmes problèmes, iels auront peut-être quelques tuyaux à vous filer. Peut-être même pourront-iels vous imprimer un certains nombre de vos numéros pour vous aider ! La légende raconte que le journal Anarchie ! était imprimé principalement de cette manière, à quelques endroits seulement avant d’être diffusé partout. Tentez quand même, au pire c’est cool de recevoir des mails des copaines.
Faites vous-aidez pas d’autres aussi. Pourquoi pas faire une liste mail, comme nous le faisons avec nos maquettes. Proposez aux groupes/gentes qui voudrait le pdf pour en imprimer d’y être ajouté. Attention si vous faites cela, de même si vous publiez vos pdf en ligne, de bien supprimer les métadonnées qui peuvent donner des informations personnelles sur vous. Il existe des applis libres comme MAT (GNU/Linux), ou avec ExifTool (Windows/Mac/Linux) et ExifToolGUI (Interface Graphique pour ExifTool) pour les retirer en sécurité, et des sites internets le cas échéant. Déléguer l’impression peut aider à la diffusion, c’est une technique qui marche plutôt bien dans les zones rurales.
Pour la diffusion justement, ça peut être moins problématique que l’impression, mais prendre plus de temps. Et ça va sûrement vous demander de bouger.
On liste d’abord quelques idées qui le demande le moins, toujours dans l’idée que ça reste un outil accessible aux personnes handies en priorité. Publiez le pdf en ligne permet donc à d’autres gens de l’imprimer. Vous pouvez aussi le publier en format « page par page » pour que les gens puissent le lire sur internet directement. Où ça alors ? Sur des sites comme Indymédia et le réseau Mutues. Sur un blog aussi, le votre ou ceux à des usages plus larges. Noblogs fourni des blogs militants gratuitement, ce site notamment ! (si vous lisez ce texte sur anarcenciel.noblogs.org)
Vous pouvez augmenter votre visibilité en passant par des réseaux sociaux. Ce n’est pas obligatoire (comme le reste), et plutôt nous cherchons à faire en sorte que les gens lâchent leur portable pour lire un zine, ou encore mieux, pour jeter un molotov et préparer une cantine. Mais c’est un outil qui existe, et qui peut être bénéfique si utilisé avec parcimonie. Il faut avoir conscience des pour et des contre. Les réseaux sociaux sont un risque pour votre sécurité, vous exposant à plus de surveillance. C’est un terrain qu’utilise très fortement la police. Enfin, il faut savoir s’adapter aux considération moderne. Vous resterez invisibles pour beaucoup si vous n’utilisez pas les réseaux sociaux. Nous voulons changer ça. Bref, vous pouvez vous créer un compte, même si le plus judicieux semble de profiter de réseaux plus actifs, comme le compte d’un groupe anarchiste et/ou queer, ou quelque chose qui partage des sujets libertaires intersectionnels.
Profiter des gens motivés à faire des infokiosques mobiles. Des étudiantes qui font des cantines autonomes à la fac, des punks qui vendent leurs t-shirt, des nerds qui veulent partager à tous leur lecture des brochures Kropotkine, des maraîchers qui ont un bout de table sur leur étal, tous ces gens peuvent être motivées à mettre en avant votre brochure si vous leur mettez entre les mains ou dans leur mail. Iels ne peuvent pas toujours l’imprimer, mais sont un moyen de distribuer votre nouveau numéro.
Vous pouvez vous même tenir des tables de presse, comme indiqué dans la partie suivante. Ou en glisser un peu partout, dans des infokiosques immobiles. Dans un centre autonome, un bar de gaucho, la salle d’attente du planning familial ou d’un médecin un peu shlag, une boîte à livre…
Vous pouvez le distribuer en main propre, dans la rue ou des trucs comme ça. Ca comporte aussi certains risques, vous vous en doutez. Les seules limites de diffusion sont votre imagination, et le nombre que vous en avez imprimé.
6. Trouvez des fonds
Si malgré toutes ces astuces, vous ne trouvez pas moyen d’imprimer gratuitement, pas d’inquiétude. Certes, il faudra sûrement faire un investissement de votre poche à un moment. Mais il existe des moyens pour se rembourser. (L’Anarc-En-Ciel n’est malheureusement pas un bon investissement pour gagner de la moula, ne comptez pas dessus)
Créer des cagnottes en ligne ne semble pas vraiment une bonne idée, puisqu’il faut rentrer un certain nombre d’informations personnelles. Ce n’est pas impossible non plus, en utilisant des clés PGP, on arrive à des résultats plutôt sécurisés. Mais vous n’allez pas déplacer des fonds monétaires immenses avec cette publication. C’est parfois un effort qui ne vaut pas la peine.
Un bon moyen, qui fait d’une pierre deux coups, est l’organisation d’évènements de soutien. Ça demande un investissement différent, souvent de se dévoiler partiellement et de briser son anonymat. Y a des astuces pour limiter ça, comme organiser des collectes « pour des publications politiques locales » sans plus de précisions. Même si bon, à moins d’habiter à Toulouse, on imagine bien qu’il y en a pas des centaines. Ça demande surtout de réserver un lieu. Et donc d’en avoir un. En ville ou dans certaines campagnes, y a la chance d’avoir des locaux variés. Dans la plupart des villages, ça se réserve au bar du coin qui veut bien. Ce qui peut pour autant (re)lancer des dynamiques cools. Vaut mieux un truc un peu bancal que rien du tout des fois, tant que la police n’est pas trop d’affût.
Quant à l’excuse pour faire venir les gens, elle peut les intéresser plus que le journal des fois. Ça peut être une teuf, plus ou moins chill, si vous voulez faire monter vos potes sur scène pour un concert. Un drag show amateur. Une soirée jeux de société (Antifa le Jeu, un classique désormais). Une discussion passiochiante. Une orgie pourquoi pas. En vrai, un peu n’importe quoi, à votre guise. On peut juste attester que les projections ça marche plutôt bien. Faut trouver un projecteur, un mur et hop, un film péta sur le net. Entre Pride, Queercore, Crip Camp, 10 000 autres documentaires et ce qu’on a envie en fait, y a le choix. Le mieux reste de trouver des courts-métrages fait localement. Un petit pot « prix libre » à l’entrée et voala.
Si l’organisation d’un évènement est trop conséquente, tu peux chercher à t’incruster à ceux d’autres groupes, voir à les aider.
Version plus aléatoire, des tables de presses. Genre avec des pots prix libres, distribuer ton Anarc-En-Ciel parmi d’autres brochures stylées. Des trucs sur des sujets précis et d’autres publications locales. Des gentes font sûrement déjà ça autour de toi, partage un bout de table avec eux. Ce n’est pas toujours très rentable.